Le modèle GO+ est un modèle de croissance, de production et de gestion forestière représentant les principaux processus biophysiques et biogéochimiques d'une forêt gérée. Son approche de modélisation est de type mécaniste : elle représente les processus impliqués dans le fonctionnement de l’écosystème et les opérations de sylviculture. Le modèle GO+ version 3.0 est publié et décrit dans Moreaux et al. (2020) et le code (python 3.0) est déposé sur github et l'entrepot de données data-Inrae. La version 3.1 du modèle développée avec le projet BIO-SYLVE (Ademe) sera publiée prochainement.
Le modèle considère une unité spatiale correspondant à une zone homogène de végétation forestière, typiquement un hectare, et décrit son fonctionnement et la dynamique de croissance du peuplement (régénération, croissance et mortalité des arbres individuels) pour l’ensemble du cycle de vie de l’écosystème forestier (50-300 ans). Le modèle décrit les échanges de masse (carbone, eau) et d'énergie (rayonnement, chaleur, vent) dans le système sol-végétation-atmosphère. Ces échanges déterminent le bilan d’énergie, les cycles du carbone et de l'eau. Il prend en compte les processus de transfert turbulent, transfert radiatif, l'évapo-transpiration, la photosynthèse, la respiration, la répartition du carbone dans les plantes, la croissance, la phénologie, la mortalité et les transformations et minéralisation du carbone dans le sol.
La végétation est décrite en deux couches ou strates, les arbres et la végétation accompagnatrice. Les deux couches de végétations sont dynamiques : les parties aériennes et souterraines des plantes suivent un cycle phénologique incluant les phases de dormance, débourrement, croissance et mortalité. Ce développement est rythmé par l’évolution de la température et du rayonnement solaire. La mortalité est déclenchée par les stress hydriques ou thermiques, les opérations sylvicoles et les récoltes.
Les effets sur l’écosystème des principales opérations incluses dans un itinéraire technique sylvicole donné sont pris en compte : préparation du sol, gestion du sous-étage, éclaircies, recépage, coupes à blanc.
Le calcul de la photosynthèse, ou production primaire brute, des deux couches de végétation est basé sur le modèle biochimique de Farquhar et al. (1980) le plus couramment utilisé. Partant de la cinétique enzymatique des réactions du cycle de Calvin et du transfert d’énergie réductrice créée par transformation de l’énergie lumineuse, il décrit la vitesse de fixation du carbone par le feuillage. La photosynthèse est donc exprimée en grammes de carbone-CO2 absorbé par unité de surface de sol et par unité de temps, gC m-2 jour-1. Ce formalisme prend en compte de façon réaliste les effets de la température du feuillage, de la concentration en CO2 et du contrôle stomatique ainsi que du rayonnement incident.
La respiration de la plante est estimée pour chaque partie de la plante comme la somme de deux termes.
Elle est exprimée comme la photosynthèse en grammes de carbone-CO2 émis par unité de surface de sol et par unité de temps.
L'attribution de la production primaire en carbone à chaque arbre se fait au pro rata de sa contribution à l’indice foliaire. Le carbone disponible pour la croissance est réparti entre biomasses aérienne et souterraine de l’arbre selon un indice de stress (Landsberg et Waring, 1997) calculé comme le rapport entre la transpiration annuelle effective et la transpiration annuelle potentielle : plus le stress est fort, plus l’allocation aux racines est élevée.
La biomasse aérienne est distribuée entre tronc, feuillage et branches selon les relations allométriques connues pour chaque espèce (Gholz, 1979, Shaiek et al. 2011, Wutzleret & al. 2007, Le Moguedec et Dhôte 2012, Achat et al. 2018). La biomasse souterraine est de même distribuée entre les différents compartiments racinaires (racines fines, souche et pivot, …) (Achat et al. 2018).
Une mortalité naturelle stochastique fixe ou variable (insectes, pathogènes) peut être prescrite.GO+ simule par ailleurs une mortalité "climatique" qui affecte les individus dont le bilan annuel en carbone est négatif. Il s'agit ici des indivdus dont le besoin en glucides pour la respiration de maintenance excède la production photosynthétique annuelle. Cette mortalité climatique intervient durant les années à fort déficit hydrique.
La dynamique du carbone du sol dérive du modèle Roth-C v6.3 (Coleman et Jenkinson, 1996) qui est appliqué ici en traitant l’ensemble du carbone du sol comme un ensemble de cinq pools et en conservant les valeurs des paramètres proposées par ses auteurs. La minéralisation du carbone du sol dépend ainsi de facteurs externes (température et humidité du sol), de la décomposabilité des apports en matière organique et de la teneur en argile du sol. L’effet des opération de travail du sol est simulé en accélérant la vitesse de minéralisation du carbone dans la fraction du sol affectée pour une durée de 12 semaines.
.Pour les arbres, seul le feuillage présente un cycle annuel phénologique incluant débourrement, croissance et mortalité. La croissance des autres parties de la plante n’est résolue qu’au pas de temps annuel. Selon l’essence considérée, plusieurs modèles de phénologie foliaire sont actionnables : une somme de degrés-jour (Desprez-Loustau et Dupuis, 1994), le modèle séquentiel de Kramer (1994), ou le modèle alterné de Harrington (2010) qui sont bien adaptés au Pins, Hêtre et Douglas respectivement. La calibration des paramètres pour les essences métropolitaines s’est appuyée sur la littérature disponible et d’observations provenant du réseau Renecofor et de réseaux phénologiques aux Pays-Bas et en Allemagne.
Pour la végétation accompagnatrice, la croissance de chacune des parties de la plante, feuille, organes pérennes ou racines, est résolue au pas journalier. La phénologie répond à un modèle simple d’accumulation de degrés jours pour le démarrage de la croissance. La croissance potentielle est modélisée selon une courbe sigmoïde. La croissance réalisée est modulée par le carbone disponible: elle est ralentie par les stress hydrique et thermique. La mortalité des parties caduques en fin de saison est déclenchée soit par une accumulation de stress hydrique ou thermique soit par une durée limite de végétation.
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CAT est une application programmée en Java qui permet d’estimer et de comparer des bilans de carbone dans des milieux forestiers. Le fonctionnement de l’outil est également décrit dans Pichancourt et al. (2018). Le projet Forêts-21 utilise principalement une composante de CAT qui se nomme le gestionnaire de flux et permet de :
Un exemple de filière est présenté ci dessous. Les différentes boîtes sont appelées « processeurs » et elles représentent un état ou une étape dans la transformation de la biomasse. Le flux de biomasse récoltée généré par GO+ est distribué entre les processeurs situés du côté gauche. Les débris ligneux (résidus de récolte) sont laissés en forêt. Les billons de type « bois d’industrie » et « bois d'œuvre » entrent dans la chaîne de processeurs qui aboutit à cinq catégories de produits finis identifiées par des contours bleus :
Selon le type de billon, le parcours dans la filière sera différent et la quantité de carbone dans chacun des produits finis sera aussi différente. Par exemple, à la fin de leur vie utile, les sciages sont triés en déchetterie et 60% sont recyclés en granulés, 30 % vont à l’incinération et 10 % sont enfouis à la décharge. Une durée de vie utile est attribuée à chacun des produits finis et leur quantité est actualisée dans le temps. A chaque pas de temps, la quantité qui devient hors d’usage suit le lien en traits tillés et est ainsi recyclée, incinérée ou enfouie. Les filières utilisées dans le projet Forêts-21 sont plus complexes que celle illustrée ci-dessous et disponible sur le site de CAT.
Les liens en traits continus représentent les étapes qui mènent à la création du produit. Ceux en traits tillés représentent le devenir des produits après leur vie utile.
CAT est programmé en Java alors que les simulations de GO+ sont traitées en Python. Le couplage utilise la bibliothèque py4j qui permet de transférer des informations d’un environnement à l’autre. Ainsi, les biomasses récoltées, le diamètre moyen et l’écart- type du diamètre des arbres récoltés dans les simulations de GO+ sont transmis à CAT pour chaque pas de temps. CAT reconstruit la distribution diamétrale des arbres récoltés. En fonction du diamètre d’un arbre, la biomasse récoltée se répartit entre certains types de billon. Ces billons seront alors envoyés au gestionnaire de flux. Celui-ci estimera les quantités de produits finis nouvellement créés à chaque pas de temps. Dans un deuxième temps, CAT actualise ces quantités de produits finis dans le temps de façon à estimer la quantité de produits toujours utilisés et la quantité de produits envoyés à la décharge. Toutes ces quantités sont exprimées en tonnes de carbone. Une fois tous ces calculs terminés, l’information est renvoyée à l’environnement python afin de poursuivre le traitement des simulations de GO+.
L'outil informatique d'aide à la décision ForestGALES permet aux gestionnaires forestiers d'estimer la probabilité de dommages causés par le vent à tout peuplement d'arbres.
ForestGALES calcule :
Les dommages causés par le vent constituent une menace majeure pour la gestion économique des forêts en Europe. Parmi les tempêtes récentes qui ont causé des dégâts, on peut citer celles de 1987, 1990, 1998, 1999, 2005, 2009 , 2012 et 2019-2020.
La menace de dommages causés par le vent restreint la sylviculture et peut conduire à l'utilisation de rotations raccourcies ou à des abattages préventifs.
Ces recherches sur les risques liés au vent dans les forêts sont menées en Grande-Bretagne et en France depuis plusieurs dizaines d'années. ForestGALES rassemble les connaissances issues de ces travaux et fournit un outil d'aide à la décision pour les gestionnaires forestiers.